La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

vendredi 6 avril 2012

Armadillo

In Armadillo veritas

Armadillo, Janus Metz Pedersen, 2010, Danemark.


En 2009, Janus Metz Pedersen a suivi pendant 6 mois une unité de soldats danois. Ces jeunes hommes étaient stationnés en Afghanistan à quelques kilomètres de troupes Talibans positionnées au nord du pays. La mission de toute unité anglaise ou danoise détachée à la base Armadillo : repousser les combats vers le nord.

Dans son documentaire, Janus Metz Pedersen montre la routine de vie des soldats danois à Armadillo, les états d'esprit d'une poignée d'entre eux, leurs sorties au combat et leurs relations entre eux et aux afghans. La caméra est évidemment portée sur épaule. Elle n'arrive pas à tout saisir mais cette perception réduite est propre à l'individu (au combat ou non) et retranscrit parfaitement le "présent vécu" des combattants lors des sorties.

Aparté comique : la courageuse réalité d'une telle entreprise de mise en scène m'a fait pensé à celle d'artistes ayant tourné des films de guerre : tel Stanley Kubrik et Francis Ford Coppola. Loin de moi l'idée d'opposer Armadillo à Apocalypse Now, à Full Metal Jacket et à Les douze salopards de Robert Aldrich que j'adore ... mais je me suis posé l'amusante question : comment mettre en place ses travellings sur rail (et/ou autres procédés techniques concourant à la mise en place d'un propos artistique sur la guerre) avec une partie des "acteurs" qui fusillerait le metteur en scène et l'équipe de tournage à vue ?


Et Janus Metz Pedersen filma la guerre

L'état des lieux présenté sur la guerre en Afghanistan montre clairement que ce conflit contre les talibans, des individus qui ne sont pas soldats, qui sont des pauvres avec des armes, s'inscrit dans un contexte difficile à contrôler. Les victimes de la guerre sont blessées ou tuées par des mines ou durant des embuscades pendant lesquelles les talibans sont invisibles. Au mieux, on n'aperçoit que la fumée de leurs fusils. Les civils ne parlent pas et ont du mal à comprendre l'affrontement. Les négociations ressemblent à de l'achat vain d'affection. Les soldats passent leur temps comme ils peuvent lorsqu'ils ne sortent pas de la base. Certains se découragent et rentrent à la maison (à voir dans les bonus). D'autres étouffent sous une culpabilité qui n'est pas la leur et déforment les faits au point d'accuser les autres d'atrocités. 

La guerre, vue par le prisme de la psychologie du soldat, sans dégoût de la violence et rejet de la difficulté nerveuse sous cette pression, ne choque pas. Elle ne fait pas peur. Elle est humaine. La nature de l'homme le pousse à recourir à la violence lors de chocs de civilisations. Et, dans Armadillo, la guerre se vit comme un simple prolongement de la société et de l'activité de l'homme.

Loin des œuvres cinématographiques qui vilipendent ou utilisent la violence pour critiquer la guerre ou vendre un divertissement, Armadillo propose une observation proche des soldats ... sans les glorifier ... sans les abattre dans le dos (pourtant les hommes filmés se sont sentis trahis par la vision de Janus Metz Pedersen : là encore, à voir dans les bonus) et de leurs conditions de vie au plus près. J'ai adoré.

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