La sélection de Donc Acte !

Donc Acte ! ne suit pas l'actualité cinéma à la loupe. Donc Acte !, qui s'est intitulé Le cinéphobe pendant une courte période, n'a pas pour passe-temps de visionner des pelloches de cinoche. Donc Acte ! ne va pas souvent voir une œuvre en salles. L'envie est rare. Le plaisir est d'autant plus intense lorsque je suis satisfait par une rencontre du 7ème art. Certains films m'inspirent des réflexions ; c'est ce que je souhaite partager. Je ne propose pas de thèses et il m'arrive de gâcher les histoires en racontant la fin. Vu que je ne mets pas ce qui a été fait de l'invention des frères Lumière sur un piédestal et que je suis des fois moqueur, Donc Acte ! peut ne pas plaire.

lundi 18 juin 2012

Le mariage de Maria Braun

Il y a donc un cinéaste homosexuel qui ne fait pas de la lèche aux femmes, aux transsexuels et homosexuels (je ne fais pas allusion à Pedro Almodovar)

Le mariage de Maria Braun, Rainer Werner Fassbinder, 1979, Allemagne.

Le mariage de Maria Braun se déroule lors d'un bombardement. Au milieu d'explosions, Maria Braun dit "oui à tout jamais" à Son homme Hermann Braun  (alias l'homme marron alias l'homme caca). En pleine seconde guerre mondiale, elle doit malheureusement composer avec l'absence d'icelui. Le destin les désunit et les réunit. Et, après-guerre, son mari doit composer avec elle. Et c'est la putain Maria Braun que Rainer Werner Fassbinder se fait un grand plaisir d'épingler avec toute sa verve cinématographique. Rainer Werner Fassbinder (1945-1982), cinéaste gay cocaïnomane et prolifique (il aurait été soviétique qu'on le connaitrait pour sa cadence de sortie de charbon des mines), accessoirement génie absolu du cinématographe, a fait dans cette pelloche étalage de tout son art.

Qu'est donc cette putain Maria Braun ? Elle est un poison. Elle se nourrit d'un poison : celui qu'elle cherche à tout prix à trouver en fumant des cigarettes. Au nom du plus grand des amours (l'humour des expressions "mon homme" et "grosse liebe"), elle ne dissimule jamais son nez creux pour les affaires (ça fait partie de son charme). Pour avoir ce qu'elle demande (de l'argent pour s'acheter des cigarettes), sa seule chair travaille : elle seule est mouillée de sueur. Les gros plans liants la chair au poison mortel de la nicotine rappellent d'ailleurs que 1. Fassbinder était un cinéaste rigoureux et incroyablement précis et que 2. une économie de moyens fonctionne à merveille : il  y a très peu de gros plans dans Le mariage de Maria Braun ; ils sont tous pertinents et indispensables au propos et à la lecture du film. Le niveau d'humour du personnage Maria Braun est très bas : l'enfant brun et le nom Braun ... le nom Braun ... le nom Braun ... son grosse liebe ... son homme. Sa vénalité est traitée sur le mode de l'inconséquence, représentant la pensée du couple consentant à ce travail de sape pour se constituer un pécule. Toute moralité mise à part, les Braun sont heureux en ménage. Le mari réside en prison. Rainer Werner Fassbinder affiche donc clairement un moralisme teinté d'un grand sens de l'humour (qui fait plaisir) pour afficher le lien vicieux entre le nerf de la guerre et sa némésis. Certes, Hanna Schygulla est une très belle actrice mais Maria Braun est une infâme connasse que même les conditions de la seconde guerre mondiale et la reconstruction d'après-guerre n'excusent pas.



La place de l'homme et de la femme dans leur union (dans la société ?), le pragmatisme dans l'institution du mariage en Allemagne (en occident ? dans le monde ?), l'importance de l'argent en amour et dans une relation en quête d'amour, tout est passé au crible avec humour, dérision et sensibilité (force faut-il qu'il faut admirer les réactions d'Hermann Braun à son retour du combat). Je ne vais pas détailler davantage les moments (tous géniaux) qui constituent le corps de ce chef d’œuvre d'un génie du cinéma. Il passe ce soir sur Arte (20h50). Je le recommande vivement. Je n'ai pas de points négatifs qui perturbent mon appréciation de ce morceau d'art.


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